ARTICLE Vosges MATIN DU 16 Mars 2018
La lune en parachute interroge une nouvelle fois nos sens et notre regard sur le monde d’aujourd’hui à travers une exposition intéressante « Cruzamientos », qui signifie en espagnol croisement. Le croisement de deux regards sur l’Amérique latine, à travers des artistes au parcours totalement différent et aux expressions différentes. Mais qui ont pour point commun l’image. L’image fixe d’une part à travers le travail de la photographe française Aurore-Alexandra Castellacci. Installée à Lima, capitale du Pérou depuis 3 ans, cette jeune femme formée à la géopolitique et à la littérature désormais photographe spécialisée dans la coopération internationale pour le ministère de l’industrie, y a vécu des choses forte. Et parfois douloureuses, avec l’assassinat de son compagnon en 2013. Au-delà de son soutien en faveur des violences faites aux femmes péruviennes, elle a produit un travail sur le deuil au sein d’un livre d’artiste « Au Revoir ». Pour cette exposition composée de 70 clichés noir et blanc de grand format, l’artiste nous convie à un voyage au Pérou et en Bolivie. Loin des clichés carte postale de brochures touristiques.
L’envers du décor
Se dessine alors une Amérique latine plus abrupte, au-delà des considérations anthropologiques. Où l’on devine avec subtilité, grâce à une mise en scène signée du philosophe Milan Garcin, la profondeur de la culture. Et le rapport que l’humain y entretient avec la nature, les croyances et les éléments. On chemine devant des photographies fortes de paysages parfois étranges ou inquiétantes. Puis au travers de portraits d’hommes et de femmes. Mais aussi des divinités, de signes ésotériques et « monstrueux » qui portent à réflexion sur ce monde en mutation. On devine la lutte des classes, La pauvreté. Jamais très loin. Une sorte de parcours initiatique sur les traces de peuples méconnus, dans l’envers du décor. Un pas de côté où seules les images appuient un propos déroutant sur ces peuples sud-américains. Ceux-là même que le vidéaste mexicain Vir Andres Hera, qui vit en France a tenté de décortiquer à son tour dans les deux vidéos visibles dans les deux salles du bas « Talaveresco » (2014-2016) et « Souvenirs d’Occident ». Où il est question cette fois de la marche de notre histoire. A travers le témoignage de femmes amérindiennes qui voient leurs langues disparaître et de l’histoire des noms de fleurs… Témoigagne double et touchant d’une société contrastée.
Source et article complet :
https://www.vosgesmatin.fr/edition-d-epinal/2018/03/16/au-croisement-des-regards-le-monde/